Reportage
LES MUSEES DE LA FRONTIERE ITALO-FRANCAISE
Menton : Musée de Préhistoire Régionale, rue Lorédan Larchey
Du 12 juillet 2014 au 25 mai 2015
Quand le commerce motive l’exploration et l’expansion
Depuis l’aube de l’Antiquité méditerranéenne, les routes lointaines trouvent leurs origines dans le besoins qu’avaient les cités-états d’acquérir divers produits et de développer des liens commerciaux pour écouler leurs propres productions. Ces échanges concernaient de nombreux produits : étain (indispensable pour à la production du bronze), corail, soie, laine, lin, vin et huile d’olive, épices, animaux exotiques, etc.
Dès avant l’expansion romaine, les marchands jouaient un rôle important dans la connaissance des voies terrestres, fluviales et maritimes. Les échanges entre Grecs, Etrusques et Celtes étaient intenses. Avec les Romains, les échanges commerciaux avec les contrées lointaines n’ont pu se développer.
Dès la fin du IIIe millénaire avant J.-C., la Phénicie organise ses premières relations commerciales avec l’Egypte (lin, or, ivoire), l’Anatolie (étain) et Chypre (cuivre). Avec les matières premières obtenues, les artisans phéniciens produisent des objets manufacturés réexportés via la ville de Byblos, plaque tournante des échanges. Byblos exporte notamment vers l’Egypte à qui elle fournit par ailleurs le bois de cèdre, de genévrier et de pin pour la construction de ses monuments.
Au Xe siècle avant J.-C., le roi de Tyr, Hiron, fonde la colonie de Kition à Chypre. C’est le début de l’expansion phénicienne vers la méditerranée occidentale. Dès lors, l’aspect du commerce change et les Ph2niciens fondent des comptoirs à Malte, en Sicile, en Sardaigne et dans les îles Baléares.
La mer Méditerranée a été, alors, le berceau des civilisations qui sont à l’origine de l’Occident.
La civilisation romaine a unifié tout le bassin méditerranéen et s’est étendue jusqu’aux côtes atlantiques et nordiques de l’Europe de l’Ouest.
Dès la protohistoire, les méditerranéens avaient établi des liens avec d’autres régions. La route de l’ambre reliait la Baltique à la Méditerranée. La route de l’étain partait des îles Britanniques et de la Bretagne.
Des routes transsahariennes existaient à partir de l’Antiquité. Dès le IIIe siècle avant J.-C., le monde méditerranéen était en contact avec le monde indien par une route maritime et avec le monde chinois par la route de la soie.
En Méditerranée, à tour de rôle, les civilisations sont apparues, se sont développées, ont décliné, et toujours des traits culturels se sont transmis de l’une à l’autre.
La Ville de Menton avec ce musée, possède des collections qui permettent d’illustrer ces échanges méditerranéens de l’Antiquité.
Cette présentation est complétée de collections d’autres origines.
Exposition réalisée avec Ève BONDROIT, Christine DIDIER, Éric DULIÈRE, Roland MAUREL, Gilles MONTELATICI, Gérard ONORATINI, Jean-Michel SABLON, Claude SALICIS, et avec le Musée Naval de Monaco, le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, l’association « Anao, l’aventure sous-marine », le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines et Actilia Multimédia.
Renseignements : 04 93 35 84 64
Ouvert tous les jours, sauf le mardi et les jours fériés, de 10h à 12h et de 14h à 18h
Entrée libre
/image%2F0947339%2F20140805%2Fob_3bdf52_dsc-0115aa.jpg)
MUSEE PREHISTORIQUE DES BAOUSSE ROUSSE (BALZI ROSSI) ET ZONE ARCHEOLOGIQUE DES GROTTES
Grimaldi, Ventimiglia, (IM)
Le Musée Préhistorique des Baoussé Roussé (Balzi Rossi) a été fondé en 1898 sur initiative de sir Thomas Hanbury, pour exposer sur place les pièces découvertes, dans les années immédiatement précédentes, durant les travaux de la carrière Abbo. L’aménagement actuel a été achevé et inauguré en 1994. La visite du Musée comprend également un itinéraire au sein de l’aire archéologique des grottes visitables.
Le Musée conserve seulement une petite partie du grand numéro de pièces découvertes dans les grottes des Balzi Rossi. Les pièces ont, en effet, été éparpillées dans des très nombreux musées, aussi bien en Italie qu’à l’étranger. La collection du Musée comprend des objets d’artisanat en pierre taillée, os coquillages et os d’animaux, dont des pièces très importantes comme la fameuse triple sépulture. A ceux-ci ce sont ajoutées, au cours des années, des pièces venant de nouvelles fouilles dirigées pr l’Istituto Italiano di Paleontologia Umana-Grotta dei Fanciulli, Barma Grande, Riparo Mochi-, par le Musée d’Anthropologie Préhistorique de la Principauté de Monaco – grotta del Principe -, de la Soprintendenza dei Beni Archeologici della Liguria – Riparo Bombini, Ciotti, ex-Birreria.
L’une des pièces les plus importantes et célèbres, y compris à l’étranger est la fameuse « Triple sépulture » paléolithique, datable d’environ 25.000 ans ? Découverte en 1892, elle comprend les squelettes d’un Homo sapiens adulte de haute taille (environ 190 cm) et de deux jeunes (selon des études récentes sur l’ADN, deux filles, probablement sœurs, enterrée avec leur père ou un autre proche parent). Les trois personnes ont été enterrées ensemble dans la même tombe avec un riche trousseau comprenant de longues lames de silex provenant de gisements français, des objets d’ornements et d’habillement fabriqués en coquille, dents de cerfs, vertèbres de salmonidés, ivoire de mammouth. Il existe une seule autre triple sépulture paléolithique dans le monde, dans la République Tchèque.
Un autre témoignage significatif est constitué par l’incision de cheval dans la grotte del Caviglione, devenue le symbole des Balzi Rossi. Elle représente un cheval sauvage, vu de profil, daté d’une époque voisine de celle de la triple sépulture. Au deuxième étage du musée se trouve un moulage en résine dela portion de paroi rocheuse où est gravée l’image, permettant de mieux voir celle-ci.
Les moulages des foyers originaux sont déplacés verticalement par des mécanismes spéciaux qui permettent la vision successive de chaque moulage, offrant au visiteur la possibilité de voir comment apparaissaient les foyers au cours des fouilles. Rappelons que le foyer inférieur est le témoignage le plus ancien concernant la présence de l’Homo Sapiens auc Balzi Rossi (plus de 37.000 ans).
Le Musée possède l’os humain le plus ancien de la Ligurie et l’un des plus ancien d’Italie : un os iliaque féminin qui date d’environ 250.000 ans, ayant appartenu à l’Homo Heidelbergensis (déjà défini Erectus), découvert dans la Grotta del Principe par les chercheurs du Musée de la Principauté de Monaco dans un dépôt concrétionné devenu dur comme de la pierre.
Les fouilles effectuées jusqu’en 2009 dans le Riparo Bombrini ont mis au jour certains objets ornementaux cylindriques tirés d’os d’oiseaux et décorés d’incisions transversales, dans les couches de l’Aurignacien, remontant à l’époque de l’arrivée de l’humanité actuelle aux Balzi Rossi, datée d’il y a plus de 37.000 ans au Riparo Mochi. Une étude récente fait de cette date la plus antique pour ce qui concerne l’homme moderne en Italie, qui pourrait donc être arrivé pour la première fois aux Balzi Rossi venant de la France.