LE SYNDROME D’APNEES OBSTRUCTIVES DU SOMMEIL
Dr
Astrid HACQUIN
Chirurgien-dentiste
Monaco
Février 2014
Les Syndromes d’Apnées du Sommeil (SAS) sont dus à des arrêts
répétés de la respiration au cours du sommeil.
Il s'agit d'une pathologie relativement fréquente qui est mal
connue et qui peut avoir des conséquences graves.
A chaque apnée, cœur et cerveau subissent un
stress.
Le SAS est un trouble respiratoire responsable d'une perturbation plus ou moins importante du
sommeil, sans que le sujet en soit obligatoirement conscient. Il sera question ici du Syndrome d’Apnées par mécanisme Obstructif du Sommeil (SAOS)
Selon les estimations, environ 4 à 5 % des hommes et 2 % des femmes seraient atteints de
SAOS.
Le manque de sommeil a des conséquences néfastes
La quantité et la qualité du sommeil étant essentielles pour l’individu, le SAOS peut entraîner
une détérioration de la qualité de vie et représente un handicap important pour l’activité professionnelle et pour la vie sociale.
Lorsque l’on manque de sommeil on peut avoir, à un degré plus ou moins
sévère, les effets suivants :
- fatigue diurne
- somnolence avec possible endormissement
- manque de concentration
- difficultés à s'adapter, à gérer certaines situations quotidiennes
-
sautes d'humeur, irritabilité
- stress
- pertes de mémoire
- absence de désir pour les activités sociales
- perte de motivation et manque d'énergie
Ainsi, les risques de dépression, de troubles sexuels mais aussi d’accident de la
route sont augmentés.
Les mécanismes des SAS
- On sait que le pharynx est composé de tissus mous.
- Le jour, ses parois sont écartées grâce aux tensions musculaires et l'air peut parfaitement
circuler.
- Au cours du sommeil, les muscles se relâchent, les parois du pharynx se ramollissent et, chez
certains individus, la circulation de l’air est plus difficile: c’est une hypopnée.
- Les vibrations de l'air sur les structures de la gorge sont responsables du
ronflement.
- A un stade de plus, il s'agit d'une Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS) lorsque les parois du pharynx s’affaissent complètement et que l’air ne peut plus passer du
tout, le patient s'arrête temporairement de respirer.
La respiration recommence suite à un micro-réveil, qui permet aux muscles du pharynx de se contracter, et à la gorge de s’ouvrir à nouveau.
Un tel événement peut durer 10 secondes ou plus. Il peut être fréquent et se produire jusqu'à
plusieurs centaines de fois par nuit. Le sommeil est perturbé sans que le sujet n'en ait forcément conscience (éveils brefs après
chaque apnée).
Le Syndrome d'Apnée du Sommeil
Central (SASC) causé par une défaillance de la commande respiratoire,
et le Syndrome Obésité
Hypoventilation (SOH) qui concerne des patients obèses ne pouvant plus évacuer correctement l’excès de CO2 accumulé pendant la nuit
ont des mécanismes différents.
Les conséquences du SAOS
L'apnée du sommeil entraîne une dégradation de la qualité de vie avec des conséquences graves
parfois.
Les conséquences socio-professionnelles en termes de productivité mais aussi de sécurité ne sont
pas négligeables.
Mais surtout, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, les AVC, le diabète ont des liens
étroits avec le SAOS.
Ces complications expliquent que non traité, le SAOS diminue l’espérance de vie.
Quand rechercher un SAOS ?
Il faudra prendre en considération :
- le témoignage du conjoint sur un ronflement important, une perturbation ou des efforts lors de la respiration
-
la fatigue
- les maux de tête
- les troubles de l’humeur
- une baisse du désir
Le SAOS doit être plus particulièrement recherché dans la population présentant
des facteurs de risques : obésité, alcool, cigarette, utilisation de somnifères, antécédents familiaux, certaines pathologies
cardiaques.
Comment diagnostiquer le SAOS ?
Deux tests permettent le diagnostic.
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L'examen le plus précis est la polysomnographie, étude du sommeil, réalisée à l’hôpital pendant une
nuit. Elle permet, grâce à des électrodes, de mesurer différents paramètres : les différentes phases du sommeil ainsi que leurs qualités, les mouvements musculaires,
oculaires, les efforts à la respiration, le nombre d’apnées/hypopnées, le ronflement, la saturation du sang en oxygène,…
- La polygraphie
ventilatoire est un deuxième moyen de diagnostic. C’est une étude du sommeil réalisée à la maison. Elle est moins contraignante et un peu moins précise
mais très fréquemment utilisée car plus simple.
-Ces études sont généralement prescrites par les médecins du sommeil : ORL, pneumologue…
- Petite nouveauté : les
porteurs de pacemakers ayant très souvent des apnées du sommeil qui, elles-mêmes, aggravent les problèmes cardiovasculaires, de nouveaux pacemakers ont été récemment mis
au point pour permettre la détection du SAS. L'étude préliminaire, encourageante, demande à être confirmée. Si des SAS sont dépistés, les moyens classiques ci-dessus
seront mis en route.
Comment traiter le SAOS ?
Le contrôle du poids reste essentiel et les habitudes avant le coucher doivent
être revues et suivies tout au long du traitement.
Trois traitements efficaces
- La
machine à pression positive qui permet grâce à un masque facial ou nasal porté la nuit d’apporter l’oxygène en quantité suffisante, est le traitement de
référence mais la tolérance et l’adhésion des patients sont souvent médiocres, à tel point que depuis octobre 2013, le traitement n'est remboursé que s’il est correctement
suivi. C'est une première !
- La chirurgie des voies aériennes
supérieures qui, selon différentes techniques, permet d’éliminer les tissus relâchés qui obstruent le fond de la gorge.
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Appareils d'
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avancée mandibulaire
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- Les appareils d’avancée
mandibulaire ces appareils sont portés la nuit comme de simples gouttières.
Ils empêchent que les tissus mous du fond de la gorge n’obstruent le passage de l’air en maintenant la mâchoire du bas vers l’avant.
Avant l’utilisation de ces appareils, le chirurgien-dentiste doit réaliser un examen clinique
et radiographique de la cavité buccale, des dents et des articulations de la mâchoire.
Il existe plusieurs contre-indications à ces appareils (quantité insuffisante de dents en bonne santé, les gencives plus ou moins saines…).
Il faut être bien conseillé car tous les appareils n’ont pas la même efficacité.
- Enfin, un nouveau
traitement vient d'être proposé : la stimulation du nerf (l'hypoglosse) qui restaure le tonus du
muscle. Elle ne réveille pas le patient et est synchronisée avec les efforts respiratoires pendant les apnées. Les résultats préliminaires doivent être confirmés par de
plus larges études.
Conclusion
Les apnées du sommeil sont dans la plupart des cas associées au ronflement, à des arrêts
respiratoires la nuit, à une somnolence diurne et à une fatigue chronique. En présence de deux des symptômes décrits, il faut suspecter un SAOS et envisager une
consultation spécialisée qui permettra, le cas échéant, de soulager et protéger le patient.
Pour en savoir plus
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