Aujourd’hui, au Royaume-Uni comme ailleurs dans le monde, une modification de l’hygiène de vie est recommandée en première intention pour la prévention primaire des pathologies cardio-vasculaires. Certains préconisent aussi la prescription d’une statine dès que le risque cardio-vasculaire à 10 ans atteint 20 %. Sans compter que de récentes méta-analyses concluaient à un rapport bénéfice-risque favorable pour la prévention primaire par statines pour tous les sujets de plus de 50 ans.
Alors pomme ou statine ? Deux chercheurs de l’université d’Oxford ont voulu en avoir le cœur net et ont modélisé l’efficacité, sur la mortalité cardio-vasculaire, de la prescription d’une statine ou de la consommation quotidienne d’une pomme chez tous les sujets de plus de 50 ans.
Ce n’est pas cette étude qui départagera les pro des anti-statines. Si une statine est prescrite à toute la population de plus de 50 ans, la réduction annuelle des décès de cause cardio-vasculaire est évaluée à 9 400 (7 000 à 12 500), si l’on considère qu’au moins 70 % des patients prennent leur traitement. Pour leurs calculs, les auteurs ont considéré qu’une baisse de 1,0 mmol/l de LDL cholestérol réduit la mortalité de 12 %, ce qui est généralement admis. La consommation d’une pomme par jour réduirait quant à elle le nombre de décès de 8 500 (6 200 à 10 800), avec là aussi une observance de 70 %.
Mais toute thérapeutique un tant soi peu efficace a ses effets indésirables. Les auteurs estiment que la prise de statine provoquerait 1 000 cas d’atteinte musculaire et 12 000 cas de diabète de plus que la consommation quotidienne d’une pomme. Quand au coût du traitement, il est fort probable que la pomme quotidienne coûterait plus cher que le comprimé de statine. Les auteurs remarquent toutefois que les complications administratives du système de santé inciteraient les personnes concernées à acheter les pommes à leurs frais dans une épicerie plutôt que dans les pharmacies, ce qui serait tout bénéfice pour le NHS (National Health Service).
Dr Roseline Péluchon