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 ROYAL MONACO RIVIERA      ISSN 2057-5076

Inauguration de l’exposition Pierre Matisse, un marchand d’art à New York

Inauguration de l’exposition Pierre Matisse, un marchand d’art à New York

Famille MATISSE :

Georges MATISSE

Antoine MONNIER

Robert MONNIER

Jean-Matthieu MATISSE

Anne-Maxence MATISSE

 

Le Centre POMPIDOU :

Serge LASVIGNES, Président du Centre Pompidou

 

Claire CHASTANIER, Adjointe au sous-directeur des collections au Ministère de la Culture

Russell ZALIZNIAK, Consul général adjoint des Etats-Unis à Marseille

Robert ROUX, Adjoint au Maire, Conseiller métropolitain

Christiane AMIEL, Adjointe au Maire, Conseillère métropolitaine

Claudine GRAMMONT, Commissaire de l’exposition, Directrice du musée Matisse

 

Je me réjouis que le retour à la vie soit, à Nice, annoncé par cette exposition.

Juste après le grand succès de Werther, donné pour la réouverture de notre opéra, c’est en effet, ici, un autre événement qui préfigure parfaitement l’été qui s’annonce à Nice, plein de joie, de liberté, de création et de vie.

Enfin, je dirais !

Mais il se trouve que par une étrange facétie protocolaire, je vais m’adresser à vous avant même que nous découvrions cette magnifique exposition.

En réalité, je dois vous le dire, nous ne sommes pas tout à fait à égalité.

Parce que moi, cette exposition, si je ne l’ai pas vue, on m’en a beaucoup parlé, et j’ai eu la chance de parcourir le très beau et très bien informé catalogue qui l’accompagne.

Alors, si je suis l’ordre du catalogue, c’est d’abord la page des remerciements que nous allons parcourir ensemble.

Des remerciements qui seront d’autant plus chaleureux, cet après-midi, que ce n’est pas le papier, mais mon coeur qui parle.

Merci à la famille Matisse, aux institutions qui les accompagnent, et un merci tout particulier à Jacqueline Matisse-Monnier, qui vient de nous quitter et qui ne verra donc pas le résultat de toute l’énergie qu’elle a déployée, aux côtés de Claudine Grammont, pour donner tout son éclat à cette exposition.

Merci à vous, Claudine, et à toutes vos équipes, qui avez investi tant de cœur et de savoir dans ce projet, ainsi qu’à tous les auteurs du catalogue que je ne peux hélas tous citer.

Vous me permettrez cependant un petit salut chauvin à Johanne Lindskog, notre formidable directrice du musée Jules-Chéret, appelé lui aussi à une profonde et belle métamorphose.

Merci aux collectionneurs et aux prêteurs particuliers qui nous ont fait confiance, encore une fois !

Parmi eux, je voudrais citer David, Ezra et Helly Nahmad, qui ne cessent de nous témoigner leur bienveillance, ainsi que les 11 musées et les 22 centres de documentation qui, à travers le monde entier, ont enrichi notre exposition.

Enfin, j’adresse un sentiment de gratitude soutenue au Centre Pompidou et au musée national d’Art Moderne. Merci à vous Serge Lasvignes (prononcer Lassvignes) et Bernard Blistène, directeurs respectifs de ces deux institutions prestigieuses.

Merci de votre confiance concrète, qui s’est traduite par le prêt de 15 œuvres issues de vos collections.

Des œuvres rares, des œuvres essentielles, des œuvres inédites à Nice et hors de Paris, tout cela pour qu’ici, dans la « maison » de Matisse, en somme, nous le retrouvions, lui et tous les créateurs de son temps.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

L’exposition que vous nous proposez, chère Claudine, n’est pas un énième exposition « Matisse ».

Ou plutôt, elle n’est pas une énième exposition « Henri » Matisse.

Elle nous fait découvrir autre chose, et quelqu’un d’autre qui nous administre, avec une incroyable sérénité, deux leçons magistrales : comment exister quand on a un père aussi grand qu’Henri Matisse, et comment faire vivre élégamment ce paradoxe qui associe dans une même expression le mot « marchand » et le mot « art ».

Pierre Matisse n’est pas le premier « fils de » à devoir se créer une existence hors de l’ombre immense de son père.

C’est même le cas de chacun.

Le défi dépend en fait de la taille de l’ombre.

Celles de nos pères à nous, du mien en tout cas, était modeste, et pourtant me semblait incommensurable. Alors, à fortiori, quand on est le fils d’Henri Matisse !

La réponse que Pierre Matisse a trouvée est sage et féconde : d’abord, ne pas vouloir l’imiter -et du coup renoncer à une carrière de peintre pourtant envisagée.

Ensuite s’en éloigner géographiquement, et là Pierre Matisse n’a pas fait dans la demi-mesure puisqu’il s’est installé à 24 ans à New-York, en 1924, sans y connaître personne.

Et enfin trouver sa voie, et Pierre Matisse l’a trouvée en créant une galerie appelée à devenir l’ambassade de la plupart des grands artistes européens aux Etats-Unis, et ce pendant plus de cinquante ans.

Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que les liens du père et du fils se soient resserrés, intensément, en proportion de la distance, au point que Pierre vend des œuvres d’Henri dans sa galerie.

Mais pas seulement.

Car la galerie de Pierre Matisse, c’est bien plus que la boutique d’Henri à New-York.

Cela est exemplaire, et c’est cela la fil conducteur de notre exposition.

Grâce à Pierre Matisse, en effet, une grande partie des plus extraordinaires créateurs européens des années 1930 aux années 1960 aillaient se faire un nom aux Etats-Unis.

Se faire un nom comme Pierre se fit un prénom, en séduisant, grâce à Pierre, les plus grandes collections privées et les plus grands musées.

La galerie de Pierre Matisse à New-York, c’est comme un film sur l’histoire de la création moderne.

Image par image, tableau par tableau, grande oeuvre par grande oeuvre, de Mirò, de Chagall, de Balthus, de Dubuffet et de tant d’autres géants, c’est cela, notre exposition, et c’est un bonheur que Nice puisse présenter ce panorama, si complet et si divers !

Un panorama que l’Etat a distingué en faisant de cet événement une « exposition d’intérêt national », une distinction inédite pour Nice !

Une distinction qui me conforte dans les grandes ambitions que je porte pour l’épanouissement de toutes les cultures ici, sous notre ciel.

Et puis, il y a l’autre défi de Pierre.

Comment peut-on être « marchand » d’un côté, et « d’art » de l’autre, ou plutôt les deux en même temps ?

A cette question, qu’on se pose depuis si longtemps, Pierre Matisse donne sa réponse.

En choisissant des artistes qui lui plaisent d’abord, en accompagnant leur travail, en maîtrisant le marché par la rareté, puisque marché il y a, en privilégiant les acheteurs les plus éclairés et les plus sincères, au risque parfois de refuser des ventes, voilà la morale qu’il s’est donnée, et voilà ce qui explique qu’il ait transformé ce paradoxe en vertu.

Pierre Matisse a fait des choix.

Aujourd’hui, c’est aux choix si éclairés de Pierre Matisse que nous rendons hommage.

Son goût a façonné le nôtre, et donc un peu de tout notre 20e siècle.

C’est aussi le vigilant dépositaire de l’œuvre partagée de son père que je veux saluer.

Car nous n’oublions pas, nous, Niçois, le rôle majeur que Pierre a joué dans la création de notre musée, dans la constitution de ses collections initiales, et avec la dation de 1991.

Pierre Matisse est aussi un exemple dans ce que sa vie nous dit.

Cet exemple nous aide à résoudre nos propres contradictions, et de cela, il faut aussi lui savoir gré.

Mais qu’est-ce que tout cela a à voir avec l’art, me direz-vous ?

Eh bien, pour comprendre la cohérence entre son parcours et celui des plus grands créateurs, c’est avec joie que je vais, avec vous, découvrir vraiment cette magnifique exposition !

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